mardi 31 mai 2011

Istanbul

Dans le quartier de Sultanhamet, nous commençons par la visite de la Mosquée Bleue, revetue de faience... bleue. Lieu de priere, les touristes sont convies a enlever leurs chaussures. Quelques désagréments en découlent : le gaspillage de sacs plastiques pour y mettre ses chaussures et surtout : ça pue des pieds ! La Mosquée est tout de meme impressionante : la partie centrale est tres spacieuse, ça change de nos cathédrales aux nombreux piliers. Ici seulement quatres piliers reprenent la voute, certes ils sont enormes mais l’espace degagée est impressionnant. En sortant coté jardin, nous apercevons Agia Sophia (Sainte-Sophie) qui pour le coup a d’enormes contreforts. Ancienne plus grande église du monde du temps de Constantinople et Byzance, puis Mosquée des sultants Ottoman, c’est désormais le plus célebre musée de Turquie. Immense. A voir absolument ! 15 siecles d’Histoire vous enveloppe et vous rendent tout petit, comme sous la voute céleste. Meme Alexandre le Grand y est représenté et parait minuscule !!!

Nous passons ensuite une demi-journée dans le palais de Topekapı : le palais des Sultants. La visite est impérative, un peu comme le Louvre chez nous. Ici vivait, il y a 100 ans seulement, le sultant de l’empire Ottoman. C’est un peu du voyeurisme touristique : pouvoir voir, entendre et meme toucher la ou tout un chacun n’avait le droit d’etre. La visite du harem ou des salons privés du sultant invite a penser que les regles et les lois ne sont pas eternelles et correspondent a une époque qui est ici bien révolue. Les bijoux sont sous verre et voient défiler des miliers de visiteurs. Ainsi tous les rubis, émeraudes, diamant et dorures perdent un peu de leur splendeur. Apres tant de luxe, vous avez soit envie de vomir, soit d’acheter des bijoux. Pour ça, il y a le Grand Bazar. Un dédale de rues couvertes ou la lumiere naturelle ne passe plus et ou les bijouteries se font concurrence tous les 3 metres. Jamais je n’ai vu autant de bagouze en si peu de temps !

Avec Claire, nous avons l’intention de nous marier... symboliquement. Les Turcs nous demandent toujours si nous sommes mariés alors nous leur dirons “oui” en montrant nos alliances... Nous trouvons deux bagues en inox pour 5TL les 2. Le passage des alliances se déroule sous les yeux des parents de la mariée autour d’une assiette de köftes (boulettes de viande en forme de doigts en Albanie un peu plus applaties ici en Turquie). C’etait un mariage de courte durée : j’ai perdu ma bague au bout de 3 jours seulement ! Le Bazar Egyptien est plus local : les tailleurs et les marchants de tissus y font leur business a l’ecart des touristes etrangers. Claire y trouve un hijab (foulard) a son gout. Elle l’utilisera pour rentrer dans la sompteuse Mosquée de Kanuni. Le faiseur de loi est aussi appelé Suliman le Magnifique. Son architecte de predilection Sinan ne s’est pas mosquée de lui. Il lui a batî la plus belle que nous ayons vue. Epurée, limpide, précise, parfaite, inspirant a la foi, au recueillement et au respect. Bravo Maestro !

Nous finissons par la visite du quartier de Galata de l’autre cote de la Corne d’Or (bras du Bosphore), quartier a l’architecture beaucoup plus européenne. Nous pourrions etre en centre ville de Lyon, Vienne, ou Copenhague... Fini le cohu bohu, les etalages dans la rue, les cris, ici on marche comme des moutons dans une rue piétonne aux boutiques bien rangées et aux enseignes familieres. Seule la glace tourne toujours au bout d’une barre de fer d’un metre, la barre de fer a tout faire meme la glace. De temps en temps, un vieux tramway en bois passe au milieu de la foule piétinnente. Nous prenons le tramway moderne pour enfin rentrer dans nos “appartements”... L’Asie nous attend !

Il n'a pas fait beau pendant une semaine et nous n'avons pas pu recharger la batterie de l'appareil photo avec le panneau solaire. Nous mettrons plus de photos d'Istanbul dans l'album des que nous recevrons celles des parents de Claire.

Nous faisons route vers Ankara.

Türkiye, çok güzel !

Turquiyeux, tchok guzel : Turquie, tres bien !
Voila déja 15 jours que nous sommes en Turquie et tant de choses a raconter...

De la frontiere grecque a İstanbul
Apres notre dernier camping a Alexandroupoli, ou nous avons réparé le tandem, nous avons pris la route vers la frontiere turque. La voie Egnatia ! Nous ne le savions pas mais depuis Dürres, nous suivons la voie romaine qui mene en Asie et en Perse antique. Notre route tracée sur Google Earth parait bien ridicule pour une voie de communication construite sans satellite il y a 2500 ans ! İls sont pas fous ces romains... ils sont forts ! Une route similaire et plus connue en France est la Voie Domitia, qui reliait l’Espagne a l’İtalie. Cette voie passe notamment par Narbonne et on peut en voir un petit tronçon sur la place de l’Hotel de Ville. Sur la voie Egnatia, nous apercevons quelques vestiges mais aprenons surtout que tous les 50 a 80km, des auberges, appelées İnn, etaient baties. Elles permettaient aux militaires et commerçants de se reposer a l’abris des brigands et des betes sauvages (lions, lous, etc.). Ces İnn grossirent et de nombreuses activités s’organiserent autour d’eux. Au fil des ans, cela donna des cités fortifiées comme Elbasan puis par extension des villes. Ainsi naquirent de nombreuses villes : Elbasan, Florina, Edessa, Tessaloniki, Kavala, Alexandroupoli... jusqu’a Byzance. Pour rejoindre la frontiere, nous empruntons la nouvelle voie Egnatia : l’autoroute ! C’est super confortable, meme en tandem !

A l’entrée du pont marquant la frontiere Grece-Turquie, les deux soldats grecs sont carrément décontractés du slip, ils se rejoignent au milieu de la route pour picorer des chips et rigoler. Les drapeaux grec et turc flottent cote a cote, image peu courante que nous aimerions bien immortaliser. Devant nous, les soldats trucs n’ont pas l’air détendus et nous prient de ranger notre appareil photo, derriere nous, les soldats grecs nous lancent “yes, photo, yes, photo !” en se marrant. Nous choisissons de rester sage et avançons tranquillement sur le pont. Un immense drapeau perché a 40m de haut flotte parfaitement au vent au dessus de la douane. Pendant 20 minutes, nous bataillons pour garder notre position dans la file du guichet... des cartes grises... Pour rien évidemment !

Apres un plat face a ce vent qui nous tiraille les mollets, un premier carrefour : des vaches, des renault 12 et des super poids-lourds flambants neufs. Quelques chiens tranquilles nous accompagnent vers notre premiere cote turque... et pas la derniere ! Le bas-coté est bien large, pas toujours de bonne qualité mais sécu : personne n’y roule. Premiere pause et premier cadeau, des petits pains au fromage qu’une famille de bergers nous offrent. Nous échangeons des sourires mais pour les mots, l’incompréhension est mutuelle. Encore une nouvelle langue... İl faut remettre les compteurs a zéro. C’est frustrant au début puis tres vite enthousiasment. Dans une station service, les employés nous offrent du thé et nous questionnons une jeune turc parlant anglais (“of course!”... nous dit-il) pour apprendre nos premiers mots. Dur dur, surtout pour la prononciation. Heureusement que l’alphabet est le meme... sauf ce fichu “ı” sans point qui se prononce “eu”... Nous poursuivons jusque dans un champ en bordure de la 4 voies. Nous avons perdu une piece du réchaud Primus en Grece, ce qui nous oblige a cuisiner tous les jours au réchaud a bois. Cela nous prend plus de temps et plus d’énergie... mais renouvelable ! Malgré le vent et la fatigue, ça finit bien par cuire. Nous mangeons et installons la tente. Une dame vient alors nous voir pour nous inviter chez elle...?!?! Dans un mélange de gestes et de mots d’allemand, nous ne comprenons pas tout. Elle repart. Lorsqu’elle revient une demi-heure plus tard avec son mari, elle a l’air déçue car nous sommes déja couchés et tout est rangé. Nous sommes aussi déçus car nous avons peut-etre loupé la premiere occasion de dormir chez l’habitant.
Des le lendemain, apres une quarantaine de kilometres face au vent et 120km en bus de Malkara a Silivri, a la tombée de la nuit, Hasan et son frere nous accueillent. İls nous offrent du çay (thé, prononcer tchaï) et nous dormons dans une dépendance en travaux. Nous commençons a bien apprécier ce çay que l’on boit a toute heure et en toute circonstance. Avec Hasan, nous développons notre vocabulaire jusqu’au célébrissime “çok güzel !” (“tres bien”, qui sert dans toutes les situations) autour d’un petit déjeuner ou oeufs durs cotoient fromage, miel, yahourt, olives et thés. Le thé est toujours servi dans le verre traditionnel et reservi a volonté. Jean devient fan parce qu’ici, le thé, c’est un truc d’homme... Sur les places de village, dans et devant les cafés, ils se retouvent autour d’un çay.

Nous repartons en tandem de Silivri, le long de la mer de Marmara jusqu’a Büyükçekmece (prononcez Buyuk-tchek-médjé... 10 fois tres vite puis demandez votre route a un turc...). Nous sommes vendredi, jour de priere pour les musulmans. Vers 13h, nous sommes installés pour pique-niquer a coté d’une Mosquée et des l’appel du Muezzin, c’est l’affluence. Un jeune nous offrent une petite sorciere bulgare en guise de porte bonheur. Nous mettons cap au Nord en direction de Çatalca (Tcha-tal-dja) : nous évitons ainsi İstanbul. A 40km du centre, c’est déja tres urbanisé. Sur la route, les éoliennes cotoient des carrieres a ciel ouvert défigurant le paysage. Nous campons dans le jardin d’un restaurant et cuisinons presque comme a la maison mais au réchaud a bois... oeufs au plat, pates a la “merguez” grillées. Terrible ! Pour les papilles comme pour la flore instestinale de Claire ! (Note de Claire : Jean omet de dire que j’ai été malade une demi-journée alors qu’il a le bide détraqué depuis 10 jours et j’ai pas fait d’annonce officielle sur le blog... pourtant certains détails vaudraient le coup d’etre racontés !). Au matin, nous mangeons du pain frais devant la boulangerie et on nous offre encore du çay ! Occupés a boire nos çay, le tandem tombe et la béquille en acier de Coursan rend l’ame...
La route jongle entre l’ancienne et la nouvelle chaussée. C’est a dire entre une départementale gravillonnée et une autoroute ASF. Evidemment quelques conflits subsistent aux interfaces, nous nous retrouvons parfois dans la boue, ou a contre-sens, voire meme coincés derriere la barriere de sécurité... Bref, la Grece, c’etait le rodage ! Notre carte n’est pas a jour et souvent les chauffeurs nous font de grands signes pour ne pas continuer dans ce sens. M’enfin, généralement une fois engagés, nous persistons...

“Piknik alani” mais pas a la noix. C’est un coin de plein air privé ou les Turcs aiment se retrouver le weekend. Dans un de ces lieux, pres de Kayakadin, des femmes dansent, d’autres pique-niquent. Moustafa, un jeune employé, nous permet de nous y installer pour la nuit. Avec un copain, ils essaient le tandem. La roue arriere du tandem doit se réhabituer a se genre d’exercice ! Un gros köpek (chien en turc), pardon, un gros sac a puce nous tient compagnie... Heureusement, il est calme mais pas question de l’approcher a moins d’un metre. Longue, interminable, montagneuse descente vers la mer Noire, apres quelques kilometres d’autoroute, nous traversons la foret de Belgarde. La foret est fumante en ce beau et chaud dimanche. Elle ne prend pas feu, il a seulement un milier de barbeuk en cours et il se degage une odeur de grillade qui aurait ete insuportables si nous n’avions pas déja mangé ! Au creux de la foret, avant une bonne cote en petit lacet alpin, a lieu un meeting politique.
Le garde du corps, le chauffeur et l’entourage du “président” (un maire ?) nous arrete. İls nous offrent du çay, des barres de chocolat, deux stylos avec étuits et meme une poupée pour Claire et une voiture de police pour Jean ! Apres d’interminables lacets, nous arrivons a Kilyos assez fatigués et la perspective d’une bonne douche nous motive pour allez au camping. C’est le seul camping ouvert a des dizaines de km a la ronde et nous y avons rdv avec les parents de Claire le lendemain. Nous le trouvons facilement et on nous invite a nous y installer... Erreur ! Nous n’avons pas encore regardé les prix... 20€/nuit (dont 3€ pour le tandem qui passe en motorbyciklet !) pour un champ de patates et des sanitaires solaires mais sans cummulus. Avant 10h le matin, l’eau est froide et de meme apres 18h !!! Ça vaut 7€/nuit, pas un copek de plus. Camping alarnak ! Notre budget journalier etant deja consommé nous boudons ce touristique petit port de peche ainsi que les touristes du camping qui sont presque tous français... et finalement bien sympa et qui nous rendront service des le lendemain.

Les parents Carbo sont contents d’arriver apres 3 jours de voyage. Des le lendemain nous partons pour İstanbul. Marie et Oliver, que nous avons rencontrés au camping a Kilyos, mettent le tandem et la remorque dans leur gros et impressionnant camion vert, ancien véhicule de la police de RDA ! Nous les retrouverons a İstanbul. Nous descendons le Bosphore en voiture par le coté occidental. Nous craignons pour la circulation mais c’est beaucoup plus zen qu’a Paris. Nous passons ainsi sous les deux énormes ponts suspendus, a coté du palais de Dolmabahçe puis traversons la Corne d’Or sur le pont Galata et découvront Sultanamet, le quartier des sultans... impressionant. Contournant les remparts de Topekapi (Topekapeu), nous garons le Partner sur un parking gardé et réservé aux camping-cars (repéré la veille par les francais du camping a Kilyos). C’est le bon plan d’İstanbul quand on peut dormir dans son véhicule : 10TL/24h (soit ~5€) au pied de la Mosquée Bleue avec vue sur la mer de Marmara ! De plus l’aménagement du Partner est signé André et évidement : c’est Çok güzel !!!

mardi 24 mai 2011

En Turquie depuis 1 semaine deja !

Nous sommes tres bien accueillis par ce beau pays ; comme ce soir a Iznik chez Soner Sarihan, Inci et Tibet : la seule famille cyclotouriste de toute la Turquie.
Karşılama için size teşekkür ederiz !!!

PS : Tout va bien ! A bientot pour plus de nouvelles...

mardi 10 mai 2011

Grece - De Florina a Alexandroupoli

Depuis le 26 avril, nous traversons le Nord de la Grèce en direction de la Turquie. Depuis 2 jours, nous faisons une pause a Alexandroupoli pour réparer une petite avarie sur le tandem...

Depuis Florina, nous découvrons une Grèce bien différente de l'image que nous en avions. Ces deux dernières semaines, il a plu presque tous les jours. Ça s'éclaircit parfois mais reste menaçant et le mercure monte peu. 
La journée, nous roulons un peu et nous abritons sous des kiosques ou des abris bus dès que nous en trouvons. Les grecs aiment bien les petits kiosques en bois et nous en trouvons souvent sur les bords des routes. C'est parfait pour pique-niquer au sec. Pour le bivouac, nous avons tenté plusieurs expériences... Nous avons bricolé une extension avec la bâche entre l'abside et le tandem. Pas mal mais un peu étroit. Nous avons aussi testé l'hôtel a Edessa, confortable mais nous n'avons pas réussi a faire sécher nos affaires car une seule heure de chauffage était autorisée. Et enfin, dans le genre spacieux et au sec, nous avons mis la tente sous un kiosque a côté d'une ancienne route. C'était parfait et juste au bon moment.

Mis a part une météo capricieuse, nous sommes très bien accueillis par les grecs, surtout de Florina a Thessalonique. Les gens nous offrent des cafés, des œufs, des fruits, des gâteaux... et s'arrêtent même au bord de la route pour nous parler et nous donner a manger. Génial ! En demandant pour se doucher a l'Hôtel Kavala sur l'ile de Thassos, nous repartons avec une boite entière de Pita, feuilletés a la fêta et aux herbes, ainsi que des brioches maison. Merci beaucoup a Katharina de Kariotissa, a Theodor sur la route, au couple de Florina Kyriakopoylos, a Elena et Stamotis de l'hôtel Kavala et tous les autres...

Pour éviter les grands axes, nous cherchons les petites routes, ce qui pimente un peu nos journées. Nous avons acheté la carte de la Grèce dans la première station service après la frontière. La carte est largement imprécise et complètement fausse par endroit. Elle indique des ponts qui n'existent pas, des routes qui n'existent pas ou sont des chemins a peine carrossables... Toutes les routes secondaires sont jaunes sur la carte, départementales comme chemins pourris. Parole de grecs, tout est jaune... Fichue carte. 
Ça nous vaut quelques gros détours et des passages dans de la boue et des gués ... et ça arrive presque... tous les jours ! De plus, les grecs ont la fâcheuse habitude de garder des morceaux d'ancienne route près de la nouvelle, et quand nous les empruntons, nous finissons parfois coincés devant un gros tas de terre ou une glissière de sécurité. Avec un peu de patience, nous trouvons toujours une issue mais nous dépensons beaucoup d'énergie dans ses détours. Lorsque nous demandons notre chemin, soit les gens ne connaissent pas la route ou ont du mal a lire la carte, soit ils n'osent pas nous dire qu'ils ne savent pas et nous envoient dans la mauvaise direction. Il paraît que ce dernier travers va devenir une constante en avançant vers l'Est... Heureusement, la boussole n'est jamais loin, et nous ne perdons pas le Nord, ou plutôt nous gardons le cap a l'Est. En récompense aux efforts fournis, nos écarts sur les petites routes nous offrent des paysages magnifiques et pas un chat dans les environs.

Pas un chat... mais parfois des chiens !
Nous avons fait notre première rencontre avec des chiens grecs juste après Florina. Nous nous y étions préparé et avons pu mettre en pratique notre technique. La première fois, en accélérant , nous avons réussi a les semer et quelques coups de cravaches ont suffi a les impressionner. Ce qu'il faut savoir c'est que les chiens errants sont nombreux en Grèce et se promènent en bande, entre potes. Et a plusieurs, c'est souvent l'émulation, un aboie, puis un deuxième et bientôt toute la meute sort les crocs. Après la première rencontre, je garde la cravache a la main et reste au aguets. Un peu plus loin, dans un champ en contre-bas du chemin, un chien se lève et commence a courir vers nous. Nous accélérons mais le chemin est pleins de cailloux. Nous voyons peu a peu le nombre de chiens augmenter. Ils courent cote a cote et nous font l'effet des indiens qui dévalent la colline. Nous pédalons aussi vite que nous pouvons mais bientôt les chiens rejoignent le chemin et courent derrière nous. He single l'air de ma cravache. Quelques coups a gauche, quelques coups a droite. Le premier chien, et le plus hargneux, se décale du bon cote pour éviter les coups. Je crie a Jean : « Avance, avance ! ». Le chemin est de pire en pire mais nous fonçons, les forces décuplées par la peur de nous faire mordre les mollets. Les distançant enfin, nous nous arrêtons pour reprendre notre souffle et nos esprits. Il nous semble que les roues les excitent. A la troisième rencontre, avant même qu'ils se mettent a aboyer, nous stoppons le tandem. La meute se lève, nous observe, aboie un peu, nous contourne et s'en va. Quoi ?! C'est tout ?! Même pas un petit coup de cravache ? Un peu étonnés nous repartons. Depuis, nous avons eu l'occasion de tester plusieurs fois la technique et cela marche bien.

A Thessalonique, nous goutons nos premières Pita giros et nos premiers cafés frappes. Depuis, nous avons eu l'occasion de manger de nombreuses salades grecques, des soflaquis (brochettes) et du poisson grillé. Nous faisons le plein de produits frais.

Pépin mécanique – Première
En descendant vers le lac de Volvi, entre Thessalonique et la mer, la roue libre a commencé a mal fonctionner. A 50km/h en descente, un bruit nous alerte. Puis plus loin, il est devenu de plus en plus difficile de trouver un cran pour que les pédales entrainent la roue. A asprovalta, nous demandons de l'aide a un mecano. Il nous prête des outils et nous demontons ensemble la cassette. Le principe de la roue libre lui échappe et pour lui rien n'est kaput. Il répète sans cesse « No kaput, no kaput ». Sentant pourtant la grosse panne arriver, a Kavala, nous cherchons un magasin de vélos pour réparer. Comme le délai est de 5 a 7 jours pour avoir la pièce, nous préférons trouver une autre solution. La tête de Jean fume. Il réfléchit a souder la roue libre au moyeu. Après réflexion, c'est peut-être pas l'idéal ! Nous finissons par trouver un gars très sympa dans un cyber café qui appelle pour nous un magasin de vélo a Alexandroupoli. Nous parvenons a commander la piece et achetons tous les outils qu'il nous manque. Nous partons ensuite faire un tour sur l'ile de Thassos, ou la pluie ne nous lâche pas d'une semelle et nous cherchons la liaison en bateau pour Alexandroupoli, ce qui ménagera le tandem. Carte de m... la liaison n'existe pas. Nous devons faire la route en tandem. Ce sera fatal pour la roue libre de Mam'out. Nous roulons sur une route jaune au beau milieu d'un magnifique mélange de granite et d'oliviers surplombant la mer. 
La route jaune est en fait un chemin défoncé caillouteux ou seules deux voitures par jour passent. Soudain, nous moulinons, nous moulinons puis plus rien. C'est fini, nous n'avons plus qu'a pousser. Avant la casse, nous avons vu un petit théâtre antique et maintenant la route est splendide et ca nous console un peu. 
En montée nous poussons, en descente nous roulons debout sur les freins et sur le plat nous inventant la trottinette -tandem. Et ceci pendant environ 2h, sur peut-être 10km. Nous arrivons enfin sur une plage et apercevons du bitume et un cycliste. Enfin la civilisation. Ce cycliste est notre sauveur. Gerard est autrichien et voyage en van aménagé. Nous casons le tandem au millimètre, entre la banquette et la kitchenette. Nous allons ensemble par l'autoroute a Alexandroupoli. 
Notre nouveau moyeu nous attend chez Papadopoulos. Nous lui achetons aussi une chaine et une cassette. Au camping, Jean s'installe pour réparer. Il faut de-rayonner, repérer chaque rayon, re-rayonner sur le nouveau moyeu, remonter la jante, régler la tension des rayons pour dévoiler, remonter la cassette et la chaine. Le tout prend bien 5h. Maintenant nous pouvons repartir mais restons attentifs a chaque grincement. Pourvu que ça dure des milliers de kilomètres !


Pour remercier Gerard de sa précieuse aide, nous l'invitons au restaurant. Il a beaucoup voyagé et travaillé a l'étranger, notamment en Turquie et en Afghanistan. Il nous rappelle quelques règles essentielles pour rester en bonne sante en voyage comme dans le désert. Il faut penser avec le ventre et faire confiance a son instinct. A partir de maintenant nous dit-il, personne ne nous répondra plus « je ne sais pas ». Alexandroupoli, est une ville-étape avant la Turquie et de retour au camping ou nous nous sommes installés, nous rencontrons des cyclos. 
Rian, 68 ans, hollandais, est parti seul pour plusieurs mois et rejoint la Palestine. Karin et Stefan, un couple suisse, arrivent de Zurich et rejoignent Istanbul en vélo (www.kus.li). Nous rencontrons aussi deux italiens, Diego et Marco, qui arrivent de Turin en vespa et voyagent en direction de Sydney (www.starwaytosydney.com). Nous croisons aussi deux motards allemands et une famille de bretons en van, Nolwenn, Jacques et leurs enfants Clara, Théo et Anouk. Nous échangeons victuailles, anecdotes et conseils, chacun s'intéresse au matériel de l'autre. Au final, moteur ou pas, l'esprit du voyage est la. Bon vent a tous et peut-être a bientôt sur la route...

  
Nous partons pour Istanbul ou les parents Carbo nous rejoignent la semaine prochaine.
Encore plus de photo sur la page : album-photos


mercredi 4 mai 2011

Grece - En direct d'un resto sur L'ile de Thassos

En attendant de pouvoir vous donner des nouvelles plus completes, voici une photo prise avec NiKos, serveur dans le resto de ses parents :


Merci pour l'accueil, chaleureux et musical.

dimanche 1 mai 2011

Macedoine

Nouveau pays, nouvelle langue, nouvelle monnaie et nouvel alphabet sur les panneaux ! Les premiers km nous font penser a la Suisse. Le paysage est mieux préserve qu'en Albanie et l'habitat plus soigne, ce qui donne un ensemble plus harmonieux et moins anarchique. Dans la première ville ou nous entrons nous changeons 20euros dans une boutique. JB stoïque attend le compte. Cela fait 1000, 200, 50 ! JB sourit et dit OK. Nous nous approchons de la rive du lac pour manger. Le lac est immense. Nous avons une vue dégagée sur notre route du lendemain, un col a 1500m sur l'autre rive. Nous traversons le ville d'Ohrid, très touristique.
Beaucoup de gens viennent ici pour passer le we de Pâques. On nous propose des hébergements, petit appartement avec terrasse pour 7euros la nuit. Nous préférons poursuivre vers le Sud ou la route surplombe le lac. Nous trouvons un endroit magnifique pour camper après Prestani avec une petite crique pour se laver. Seul JB se trempera entièrement. Pour Jean et Claire, les pieds suffiront. Coucher de soleil sur le lac, polenta au rechaud a bois et petite bière.


Le troisième jour avec JB, la plus dure journée nous attend. Nous sommes a 700m d'altitude et devons passer un col a 1570m. La route s'écarte doucement du lac et démarre bien raide. Après Trpejca nous attaquons une longue traversée et enfin les lacets. Nous croisons des VTTistes, l'un d'entre eux s'arrête et nous discutons en anglais. Il a des mollets de compet'. La montée est encore longue et nous faisons une pause pour manger a mi-chemin. Nous refaisons le monde sur une aire de pique-nique et oublions le col pendant 1h30. Nous parvenons au col ou un groupe de touristes nous prend en photo avec leur petit garçon.
Nous nous équipons pour la descente et sortons la camera pour nous amuser. La vue sur le lac et les sommets enneiges en arrière plan est superbe. Nous descendons 700m plus bas au lac de Prespa. Nous passons devant un ancien centre de vacances datant de l'aire communiste. Hésitants a pénétrer dans ce lieu décrépi, nous préférons nous installer un peu plus loin a cote du lac avec une vue imprenable sur le Mont Pelister culminant a 2600m. Bien lessivés, nous doublons la ration de pâtes !





Le quatrième et dernier jour avec JB, nous avons pour objectif de passer la frontière grecque. Après quelques petites courses, nous filons vers notre dernier col macédonien. Nous nous retrouvons sur l'ancienne route nationale, qui après 200m de bitume, devient pavée. A nous le Paris-Roubaix ! Au milieu de la montée, une mobylette nous double et s'arrête 50m plus loin. Un monsieur nous tend des cigarettes a notre passage. Hum, non merci. Nous échangeons quelques mots, le saluons et repartons. Dans la descente du col, nous croisons une tortue. Jean essaie de l'apprivoiser. Il sait y faire avec les tortues ! Après Bitola, la route continue dans une grande plaine jusqu'à la frontière. Le seul poste frontière des environs se trouve a Niki, ou un douanier nous fait passer devant les voitures. Nous poussons jusqu'à Florina dans l'espoir de trouver un resto pour fêter notre périple avec JB. Quelques km avant la ville, Jean le téméraire va toquer a la porte d'une salle des fêtes.
Malheureusement, nous apprenons que la saison des mariages n'a pas commencé et les cuisines sont fermées. Mais par le plus grand des hasard, les tenanciers parlent français car ils ont vécu en Belgique. Nous plantons la tente dans leur jardin et filons en ville. Nous trouvons une taverne grecque, victoire. Nous terminons la soirée autour de salades grecques, de souflaquets, de boulettes de viande arroses de bière, de Retsina et d'Ouzo.

Vendredi 26 avril, nous disons au revoir a JB et nous nous souhaitons mutuellement bonne route. JB rentre en Albanie et nous poursuivons vers Thessalonique.

Toutes les photos de l'Albanie et de la Macedoine et deja des photos de la Grece !

3 nouvelles videos sur l'atelier !!! (merci JB)

Albanie

A la descente du bateau, le dépaysement est brutal. Nous nous faufilons a travers la foule qui attend les passagers. Il y a peu de routes en Albanie mais nous commençons par prendre la mauvaise. Demi-tour au milieu d'un grand pont et nous repartons vers le Sud. Entre la route et la mer, nous longeons une enfilade d'immeubles en béton. Certains sont peints et sans fenêtre, d'autres sont termines sur 10 étages puis en construction au dessus. Des hôtels, des restaurants, des commerces... De quoi accueillir des milliers de touristes. Cela paraît démesuré, on nous le confirmera plus tard, la plupart sont vides. La plage est derrière cette barrière de béton. La route est plutôt chaotique. Sur un trottoir, un mouton attache attend... son heure.
De Durres a Roghozine, la route est en cours d'élargissement. Nous alternons entre route défoncée et bitume lisse. Sur le bas-cote ou nous roulons, une rainure salement rebouchée nous embête... et nous embêtera jusqu'à la frontière. Nous ne le savons pas encore... Nous croisons un nombre impression de stations service, a peu près tous les 500m. Une chose est sure, en Albanie, on ne tombe pas en panne d'essence ! Comme nous n'avons pas un Lek en poche, la lecture des prix a la pompe nous donne une idée du cours, environ 140 Lek/euro. Nous croisons aussi beaucoup de casse auto, nous commençons a élaborer une théorie sur l'économie de l'Albanie basée sur la récupération de pièce auto et la construction en béton avec fers a béton en attente... Des bunkers apparaissent comme des champignons dans les champs... vestiges de l'aire sovietique.

En campagne, les maisons sont sur 2 ou 3 étages, toujours en béton. Souvent le rez-de-chaussée n'est pas utilisé, laissé vide sans mur, puis sur le toit terrasse, les fers a béton sont en attente d'un futur étage. Nous apprendrons plus tard que le rez-de-chaussée est garde vide dans l'espoir de faire un magasin, ce qui est souvent difficile en campagne. Et l'étage en attente sera construit lorsque la famille s'agrandira. Nous croisons des charrettes tirées par un âne ou un cheval et des gros 4x4. Souvent, dans les jardins, une vache est attachée à un piquet, des poules vadrouillent, des vignes, un potager. Plus loin, un troupeau de moutons, quelques chèvres. Tout le monde nous salue. Nous sommes plus salué en un jour en Albanie qu'en 2 semaines en Italie. Les gens sont extrêmement gentils et bienveillants. Nous répondons d'un signe de la main et d'un « mirdita » hésitant.

A mi-chemin pour Elbasan, le vent se lève et nous luttons jusqu'au bout. Les panneaux sont très rares et lorsque nous voyons indique plus que 35km nous nous réjouissons. En réalité, il nous en reste 50... Heureusement quelques distractions viennent troubler notre routine de pédaleurs fatigués contre le vent. Sur le bord de la route, une famille travaille a la confection de parpaings. Un peu plus loin, des hommes en costards agitent les bras, crient, se mettent au milieu de la route. Nous nous arrêtons sur le bas cote comme on nous le demande. Nous hésitons entre un vol, une arrestation en cours, le passage du président... Soudain, une moto deboule puis derriere elle une échappée de cyclistes. Ils font demi-tour au milieu de la route puis repartent face au vent dans la cote. Nous repartons derrière eux en les encourageant, sans pour utant les suivre, trop rapide... Nous croisons le peloton, puis ils nous doublent dans l'autre sens. Nous les encourageons en criant « Allez, allez ! » et les organisateurs nous encouragent a leur tour. Les premiers cyclistes levaient le pouce en nous voyant, le reste du peloton en chient comme nous en cote contre le vent. Et pourtant, Nous pédalons plein d'entrain au milieu de cette animation. Un cycliste retardataire nous double, accroché a la portière d'un camion, il la lâche en haut de la cote et poursuit dans l'aspiration. La circulation n'est pas coupée pendant la course d'où l'excitation des organisateurs en bas.

Peu avant Elbasan, l'ancien complexe industriel en décrépitude s'étend sur des km. Dans des ruines, un bergère tricote a cote des son troupeau, un berger somnole. Nous entrons dans le centre d'Elbasan en fin de journée et trouvons très vite le quartier de la citadelle, vieux quartier entoure d'un mur de pierre. Sur l'allée principale qui longe la citadelle, une vieille horloge trône. C'est notre lieu de rendez-vous avec JB et Laurence. Nous les attendons impatiemment.


Nous passons 4 jours chez JB et Laurence. Ça fait du bien de se poser, de se laver... Avec eux, nous découvrons la culture albanaise et comprenons mieux ce que nous avons vu depuis Durres. L'albanais restera difficilement compréhensible même après une semaine. Nous retiendrons surtout « mire mire, shu mire » : bien bien, très bien, que nous disons a tout bout de champ. Nous goutons aux spécialités : fergese, chofte, soflatche, salce kosi, kackavall (prononcer katch kaval en insistant sur les k !) et le Raki, eau de vie locale. Chez JB et Laurence, internet ne marche pas, ou seulement entre minuit et 3h du matin. Nous apprendrons plus tard que le voisins ont piraté la ligne. Nous mettons a jour le blog chez Jean-Luc (Le français d'Elbasan) et Albana. Vers 19h, le soir, nous participons a la promenade journaliere des albnais sur l'allee principale. Tout le monde se montre. Les filles ont des talons impressionnants, des vetements moulants et les gars matent de haut en bas sans scrupule... Nous paraissons bien pouilleux avec nos pantalons de rando.

Laurence est professeur de français au lycée d'Elbasan et nous allons dans son cours parler de notre voyage avec ses élèves. Ils nous posent des questions sur nos motivations, la préparation, l'itinéraire. Nous leur faisons deviner ce que nous avons dans nos sacoches et montrons le matériel. Ils n'ont jamais campé et sont curieux. Ils aimeraient aussi voyager. Et nous apprenons que jusqu'à l'année dernière les albanais ne pouvaient pas sortir de leur pays sans visa. Nous réalisons a quel point nous sommes privilégiés en étant français.

Après une petite séance de maintenance sur le tandem et la préparation de l'itinéraire, nous partons pour 4 jours avec JB vers la Macédoine et la Grèce.

Vendredi 22 avril, nous décollons d'Elbasan avec JB. Il va nous accompagner jusqu'en Grèce puis rentera en Albanie. Nous mangeons un bon byrek (feuilleté garni) bien gras avant de partir puis roulons en direction du lac d'Ohrid. JB nous fait l'effet d'un petit électron libre avec son vélo tout léger comparé a notre poids-lourd. La route monte mais nous avons le vent dans le dos. Après une pause dans un resto en bord de route, ou nous mangeons un pilaf (riz) et un taskebap (viande en sauce) nous repartons. JB monte en stocker sur le tandem et Claire prend le vélo ultra- léger. Elle papillonne autour du tandem, petite vidéo par ci petite photo par la, en attendant la tortue. Le poids ca change tout ! La vallée est de plus en plus encaissée et au loin nous apercevons des montagnes enneigées. Soudain un cyclo allemand nous rejoint. Peter, la cinquantaine et en pleine forme, est parti de Durres ce matin et roule vers Istanbul. Il porte 18kg de bagage uniquement et fait près de 120km par jour, trop rapide pour nous. Plus loin dans la montée, Jean est lessive. Nous voulons avancer encore un peu pour nous approcher du bas du col du lendemain. Jean prend le vélo a son tour et revit ! Claire et JB en chient. JB donne ses premiers coups de pédalent en Mam'out charge en montée et ca zigzague. Les voitures ne nous font pas de cadeaux. Peu après la ville de Prejasi, nous plantons les tentes dans un champs pas loin d'un petit lac et d'une voie ferrée.

Le lendemain matin, le champ ou nous sommes installes va être laboures, il faut décamper. Nous sommes prêts, nous partons grimper le col ou nous passerons la frontière. La chaleur est accablante mais tout le monde nous encourage. Des gamins courent même derrière nous. Les stations de lavage de véhicules se succèdent. Elles se signalent avec un grand jet d'eau qui asperge sur 10m. La montée est longue mais régulière et la vue est magnifique sur les massifs tout autour. Peu avant la frontière, nous apercevons un champ parsemé de bunkers et laboures avec des chevaux. Nous passons la frontière et entrons en Macédoine.