lundi 25 juillet 2011

Turkiye derniere

Turkiye encore, Turkiye toujours

Les cyclos français, Elise et Thomas, rencontrés a Goreme nous rejoignent a Kahta. Ils sont accompagnés de Luc, le petit frere d'Elise. Depuis Katha, ou nous quittons nos petits suisses préférés, nous pédalons jusqu'a Karadut, "camp de base" du Mont Nemrut. Apres un pédalage d'approche "çok karaçık" (prononcer tchok karatcheuk = tres compliqué) dans une chaleur étouffante et une chaussée monstre pourrite nous tombons... dans la piscine ! L'ascension du mont se déroule a pied (sauf Thomas le téméraire), apres 15% on abdique. 
Au sommet du Mont, le roi Antiochus (roi de Commagene) a fait ériger il y a 2000 ans de tres grandes statues des dieux et de lui-meme pour son couronnement ou pour son mausolée. Sous l'énorme tumulus, il y a peut etre sa tombe. Le mystere reste entier...

Sur la route pour Diyarbakır, pendant une journée, Elise et Tom prennent le tandem et nous prenons leurs vélos. C'est notre premiere expérience en vélos chargés ! Depuis que nous sommes dans le sud-est, la chaleur est accablante, nous démarrons a 6h du matin et passons l'apres-midi a l'ombre (40 degré). Nous repartons vers 18h et roulons encore 1 a 2 heures avant de trouver un hébergement dans un village. Parfois le soir, nous sommes accueillis dans une famille ou on nous offre un repas improvisé, généreusement garni puis une piece ou le toit d'un batiment pour la nuit. Nous nous réveillons parfois avant l'aube juste apres le premier appel a la priere vers 4h ! A 8h le soleil tape déja bien fort, on mouille le maillot mais pas le maillot a pois. 
Le tamdem n'est pas une bete de course en montée et meme si en descente nous allons plus vite, au final nous sommes souvent a la traine derriere le trio de tete. Peu importe, chacun son rythme et nous nous retrouvons pour les pauses. Apres 4 mois de route, les habitudes et l'allure des montures sont calées et il n'est pas évident de s'adapter a celles des autres cyclos. L'arrivée sur Diyarbakır est plus roulante et nous nous réjouissons de laisser les montagnes derriere nous.

Diyarbakır

A Diyarbakır, Ibrahim, un ami cyclo, nous accueille chaleureusement dans sa famille. Il vit dans un nouveau quartier ou les immeubles a perte de vue se ressemblent tous, un vrai labyrinthe. Ses parents nous préparent des petits déjeuners et des repas de fete. Nous goutons aux içli köfte (itch-li keuf-té) fait maison par Ilal, la maman d'Ibrahim. Les içli köfte sont de délicieux "raviolis" en forme de coquillage fait a base de pate de boulgour et garni de viande hachée-oignons-persil-menthe noire-piment. Entre les repas, nous nous baladons dans la ville. Diyarbakır est une ville entourée d'un mur d'enceinte de plusieurs km, deuxieme plus grand du monde apres la muraille de Chine. Du haut on a une belle vue sur le Tigre, le deuxıeme fleuve de Mésopotamie. Comme les fortifications, les vieux batiments de la ville (karavanserail, église) sont construits de pierre volcanique noire et sont parfois rayés de blanc.

Depuis Diyarbakır, nous faisons une petite virée a Mardin en Dolmuş, les minibus turcs. Le conducteur est un redoutable pilote, téléphone a l'oreille en plein virage. La ville de Mardin, toute de pierres claires voit son ciel s'obscurcir par un vent chaud contenant la poussiere du désert de Syrie. Le soir nous assistons au tournage d'un film qui a lieu dans un resto chic (on croit meme reconnaitre un comédien turc vu a la télé) et passons la nuit sur le toit de l'hotel face au chateau surplombant la ville.


Turquie derniere... Lac de Van

Nous quittons Diyarbakır et la famille d'Ibrahim nous accompagne jusqu'a la gare routiere. Famille adorable que nous quittons presque comme des proches. Arrivés a Tatvan, la température a fortement chuté, nous nous couvron et nous protégeons d'une grosse averse sous une station service! Apres le Çay, nous partons vers le lac de Van. Un grand lac, véritable mer intérieure a 1650m d'altitude, bordé de hautes montagnes. Le lac détient une originalité unique au monde : il est traversé par une ligne de chemin de fer. C'est la ligne TransAsia qui relie Istanbul a Teheran. Les voyageurs descendent de voiture et montent sur un ferry qui prend aussi le wagon de bagages a son bord. Il traverse ainsi le lac en 4h. 
Nous nous contournons le lac par la route Nord, plus longue mais plus plate. Nous nous réjouissons de retrouver une température et un relief plus doux. Malheureusement le vent se leve, nous bouscule et le lac ressemble de plus en plus a la mer. La cote est magnifique, découpée et sauvage. Les champs de blé dorés se jettent dans l'eau turquoise et les goelands s'agitent en attendant l'orage. Damien, un cyclo français en vélo couché, nous rejoint au milieu de cette poésie... Nous roulons maintenant a six.


Nous sommes surpris de voir a quel point tandem et vélo couché ont des points communs, principalement le rythme et l'originalité. En montée, nous sommes derriere les vélos classiques mais en descente et sur le plat, nous repassons devant. Et les regards des gens sont happés par le vélo couché, peut-etre encore plus que par le tandem ce qui nous offre un peu de repos. A Adilcevaz, nous logeons dans un petit hotel au pied d'un 4000m, le Mont Süphan a 4058m d'altitude. Dans l'hotel, des vélos, des skis, des photos de montagne et les gens qui reviennent du sommet et se baladent en chaussures d'alpi donnent envie d'y aller... La route nous rappelle et des le lendemain, nous commençons par essayer le vélo couché de Damien avant qu'il ne le charge de ses 40kg de bagages. Les premiers 100m, on a l'impression d'avoir 5 ans et qu'on vient de nos enlever les roulettes ! Damien tient le dossier et nous aide, il faut porter son poids vers le coté pour tourner. Petit a petit, nous arrivons a faire quelques metres tous seuls. Puis chacun reprend sa monture et nous avançons vers Van. Parfois, nous nous trempons un peu dans le lac pour nous rafraichir quand le soleil chauffe. Ce lac est un peu salé et tres gluant... hum appétisant.

Nous atteignons enfin Van, terminus de notre route turque et de notre épopée a 6. Luc rentre en France, Elise et Thomas prennent une route Nord vers Doğubayazıt pour l'Iran et Damien est rejoint par un copain pour rouler dans le Caucase avant de rejoindre l'Iran. Nous devions prendre un train ce soir mais il a 8h de retard alors ce sera a 5h demain matin ! Nous arriverons a Tabriz demain... en Iran !!!