mercredi 1 juin 2011

D'Istanbul a Düsköy...

D’Istanbul a Iznik
Le vapur c’est le bateau de passagers qui traverse le Bosphore comme un métro. Il coute 0€80 le ticket et c’est gratuit pour les vélos ! Passer de l’Europe a l’Asie en bateau chaque jour pour allez bosser... De leur coté, les parents Carbo prennent un des deux ponts avec a leur bord tous nos bagages ! Nous voyageons léger. Nous ne prenons pas le temps de visiter la partie Orientale de la ville mais nous nous égarons vers Fenerbatche et son gros stade en béton. Puis sur la cote, nous trouvons une piste cyclable plate sur presque 25km... nous avions oublié comme c’était plus silencieux que l’autoroute. Dans une immense baie entierement dédiée a la construction navale nous demandons notre chemin au bon moment a Omer. Les parents Carbo s’y perdrons ;-). Nous avons rendez-vous au centre de Bayramoğlu devant la Mosquée. Nous nous y retrouvons et cherchons un coin pour dormir. Nous sommes finalement acceptés pour la nuit dans une maison en chantier avec une vue imprenable sur la mer de Marmara. Nous traversons cette derniere le lendemain, non sans mal (la carte étant fausse) pour rejoindre le lac d’Iznik. Apres un petit col a 340m et une bonne descente vers le lac, nous retrouvons les parents de Claire pour notre derniere soirée ensemble. Je bricole un nouveau réchaud a bois a base de boite d’huile de 5L et de conserves et nous finissons l’Ouzo... Le site est magnifique, le lac est calme et le temps beau. Seule ic : le sol est pleins de détritus et l’eau n’inspire pas a la baignade. Pendant la nuit, des jeunes fétards viennent boire des coups et attirent la police, nous gardons un oeil ouvert au début puis tout le monde s’endort.
Le lendemain, apres avoir bien trié nos affaires et tout rangé nous nous séparons vers 15h... Nous profitons du retour en France des parents de Claire pour qu’ils emportent des sauvegardes de photos, le carnet que nous venons de finir, l’ancien réchaud a bois et quelques souvenirs.
Accolades maternelles et paternelles... et zou ! en selle again ! Nous ne faisons que 25km pour se poser pres du lac sur un terrain de foot s’érodant et tombant dans le lac. Ce lac nous fait penser a Ohrid en Macedoine, les montages sont plus petites mais le couché de soleil est aussi rouge.

De Isnik a Bilecik
Le lendemain, a Isnik, une ville a l’Est du lac, nous déjeunons sur le trottoir et des cireurs de chaussures nous apportent des çay et des journaux pour couvrir le sol ! Nous visitons cette ville antique greque, romaine, byzantine et ottomane riche d’Histoire. L’amphithéatre est presque a l’abandon mais les murailles et 3 des 4 vieilles portes de la ville sont toujours visibles. Au cybercafé nous tentons de remplir le fomulaire pour le visa iranien. La dépose de nos empreintes a l’Ambassade a Paris n’a, a priori, servi a rien ! Il faut remplir un formulaire sur internet pour obtenir un numéro d’autorisation avec lequel on peut faire la demande de visa... super chiant. C’est alors que débarque un gars pressé qui veux nous inviter chez lui pour la soirée. C’est Soner. Il revient une heure plus tard avec son épouse İnci et son fils Tibet. C’est la premiere famille cyclotouriste de Turquie ! Nous prenons le goûter apres leur avoir fait essayer le tandem. Puis un super plat de kofte nous attends et nous continuons nos démarches administives sur le net. La télé est presque tout le temps allumée. Selon Soner, c’est le cas dans beaucoup de familles turques et l’inactivité est responsable de l’embompoint qu’ils appellent “Turkish Army” ! Soner est prof d’histoire et İnci est institutrice, leur fils de 21 mois ne parle pas encore mais comprend tout tres bien ! Leur maison toute proche du lac d’İznik est bien confortable et bien équipée.

Le lendemain, apres un copieux petit déjeuner, nous attaquons la montée vers Yenişehir et ça monte raide de raide ! La vue sur le lac est magnifique. A 300 m du col un automobiliste nous propose de redescendre a İznic pour boire un çay ! C’est gentil mais cet innocent ne doit pas faire souvent de vélo par ici ! A l’entrée de Yenişehir nous déjeunons a l’ombre, il est déja midi et le soleil tape bien fort : j’ai un coup de barre rien qu’a l’idée de retourner faire le formulaire Iranien. Claire se motive et galere sur des ordi en turc avec des connections internet sensible a la chaleur... Dehors, je discute avec des lycéens et lycéennes fan de facebook et twitter. Puis deux mecs un peu chelou viennent ouvertement chercher la merde ! C’est sans compter sur un commerçant d’en face qui vient m’en débarasser en deux tirades impressionnantes d’énergie. Nous sympathisons avec les gars du cyber café, musiciens en herbe. Un ami prof d’anglais nous rejoint, nous offre du fanta et nous leur montrons notre projet. Nous repartons sans réussir a remplir le formulaire. Dam... 10 km de route gravillonnée en travaux nous attendent. Les camions en nous doublant projettent des petits graviers sur les molets de Claire, ouille. Je suis épargné. La route recommence a monter et a la sortie du village de İncirli, İsmaël nous indique un lieu pour dormir. Un tas de cailloux, des déchets et des anciens barbeuc nous y attendent mais nous trouvons un coin d’herbe convenable. Le nouveau réchaud a bois fabriqué au bord du lac d’Isnik fonctionne, du feu de dieu, pour la çorba d’İnci, les pates grecques et même une petite infusion digestive pour un bilan carbone nul ! De plus, le nouveau modele ne salit plus le fond des popottes ! Juste avant la tombée de la nuit, nous recevons un garçon qui nous offre des prunes vertes. Nous lui offrons un “caprice” (un cigare russe Greque fourré au chocolat). Je fais avec lui un tour de tandem... il est petit et touche a peine les pédales. La pénombre s’installe et son pere nous rejoint pour un monologue en turc sur la route a empreinter... Nous lui parlons en français comme ça personne ne se comprend !

Le lendemain nous montons encore et encore entre les carrieres de marbre beige, les champs d’oignons et de tournesols. La redescente finale se fait attendre et les vallons se succedent interminablement. Nous arrivons a Pelitözu pour pique-niquer du pain et du peynir (fromage) lorsque Ecen vient vers nous avec des tomates, des concombres et du salam (salami). Ouahou ! Elle est en terminale et prépare son examen de juin. Nous tentons de l’inviter boire le çay mais sa mere l’a deja preparée... Lorsque nous voulons repartir nous sommes a plat. Un attroupemet d’écoliers nous regarde réparer avec curiosité. Un voisin nous regonfle la roue dans un petit atelier avec un compresseur fait maison ! En sa companie, nous avons la chance de visiter la mosquée du village. De l’extérieur, on ne peut pas immaginer comme c’est magnifiquement peint a la main, decoré de marbre et de dorures. Nous reprenons la route et déclinons son invitation pour aller a son piknik alani.

Bilecik est a peine a 5km et c’est en descente. Nous trouvons un cyber café performant et réussisons enfin a remplir le formulaire qui change de question toutes les 10min. İl doivent le changer en temps réel et plusieurs fois Claire doit prendre patience pour tout refaire. Mais c’est un succes ! Un jeune homme, Metin, vient naturellement nous proposer de boire un “kafe” chez lui. Finalement nous y passons la soirée et la nuit avec ses colocs Emir et Atif. İls nous font gouter une soupe traditionnelle, la tarhana. Les sujets vont bon train, voyage, politique, etc. Et ils nous offrent un portrait de Mustapha Kemal, connu aujourd’hui sous le nom d’Atatürk, c’est un personnage tres important ici. İl est le fondateur et le premier président de la République turque (1923). Il a notamment instauré la laicité, donné le droit de vote aux femmes (avant 1945!) et remplacé l’alphabet arabe par l’alphabet latin. Son portrait est présent dans tous les cafés et bistrots de Turquie, il regarde vers l’avenir. Bientôt il y a l’élection du premier ministre et le favori, Erdoğan, immite le regard d’Atatürk sur les photos de campagne. Sur toutes les routes de Turquie sillonnent des camions aux haut-parleurs hurlants et entierement décorés a l’effigie des partis politiques.

De Bilecik a Düzköy...
Nous repartons le lendemain alors que Metin a révisé toute la nuit son exam de math ! La veille, il nous avait pourtant dit qu’il se sentait pret... Nous prenons un petit déj dans le parc arboré du centre ville. Les anciens y viennent passer le temps mais nous n’y avons encore jamais vu de femme... Ce matin, c’est un papi qui nous paie le çay ! Nous descendons toute la ville et nous sommes maintenant sur une autoroute. Nous la remontons jusqu’a trouver le chemin pour Ankara. Une petite route qui va de village en village. Au premier d’entre eux : Yeniköy, nos çay sont offerts en compagnie de Hasan, Ali, İren, Serat, Yaşar et Suleyman ! On est prévenu, ça monte et ça descent pas mal dans le coin. Plus tard, nous mangeons a l’ombre, la vue est magnifique. Les montagnes sont a pic et parsemées de teintes rouges. Avant Küre, nous croisons la trafic-gendarma, super détendue. Hamitabat est lui un petit hameau dont les maisons arborent de magnifiques pans de bois. Nous passons Yakacit ou l’on nous offre encore du çay. A la sortie du village, il y a une côte absolument démentielle... elle finira de nous achever. Un gars en moto s’arrête a notre hauteur et nous demande si nous ne connaissons pas Nat et Jaco, deux américains... Il est un peu bizarre et nous refusons de le suivre chez lui ou il nous invite pourtant a seulement 10km !!! Nous le quittons et nous enfonçons dans une ancienne vigne d’ou nous avons une magnifique vue sur les montagnes et la riviere. Presque installés, Claire aperçoit les deux cyclos. Nat a vecu en France et parle tres bien français, mais nous améliorons avec eux notre anglais. On mange ensemble et passons un tres bon moment au son de la guitare que Jaco a achetée a Istanbul. Un cyclo chanteur avec une guitare ce n’est pas commun. Un bivouac a la gratte au milieu d’une belle vallée turque, c’est inoubliable !

Le lendamain, nous nous levons de bonne heure et espérons rouler un peu avec eux. Nous établissons un nouveau record de vitesse en essayant de les suivre : 61,4 km/h... Au village d’İnhisar nous prenons ensemble un çay et une photo tous les quatre. Apres quelques courses au marché, nous repartons en nous disant au revoir, on va les laisser filer devant. Nous avons la meme route jusqu’a Ankara et ils vont aussi en Chine mais pas par l’Iran. Meme si nous n’allons pas a la meme vitesse, nous sommes bien motivés a réhausser la moyenne journaliere des derniers jours. La route est magnifique, ossilant a travers la montagne découpée par la riviere. Au sommet d’un col, une montagne isolée semble sortir de terre comme dans le grand caynon... C’est magnifique. A Mihalgazi nous achetons du miel, au pied de la mosquée, non sans mal, puis mangeons a l’écart du village. L’orage menace et nous annulons notre sieste. Nous passons devant une tres belle fontaine aux faiences bleues et une écoles ou les éleves semblent bien a l’écoute. Le temps est lourd et les mollets chauffent dans les montées. Notre carte est une fois de plus completement fausse mais pres de Laçin nous ne nous trompons pas. Apres une cinquantaine de km parcourus, nous décidons de nous arreter pour nous reposer. Un champ fauché fera l’affaire et le boulgour acheté au marché n’a pas de mal a descendre ! La route qui nous attend est bien dure a en croire la carte. Nous esperons être a Ankara pour le premier anniversaire du voyage : le 2 juin (c’est le mien !).