mardi 31 mai 2011

Türkiye, çok güzel !

Turquiyeux, tchok guzel : Turquie, tres bien !
Voila déja 15 jours que nous sommes en Turquie et tant de choses a raconter...

De la frontiere grecque a İstanbul
Apres notre dernier camping a Alexandroupoli, ou nous avons réparé le tandem, nous avons pris la route vers la frontiere turque. La voie Egnatia ! Nous ne le savions pas mais depuis Dürres, nous suivons la voie romaine qui mene en Asie et en Perse antique. Notre route tracée sur Google Earth parait bien ridicule pour une voie de communication construite sans satellite il y a 2500 ans ! İls sont pas fous ces romains... ils sont forts ! Une route similaire et plus connue en France est la Voie Domitia, qui reliait l’Espagne a l’İtalie. Cette voie passe notamment par Narbonne et on peut en voir un petit tronçon sur la place de l’Hotel de Ville. Sur la voie Egnatia, nous apercevons quelques vestiges mais aprenons surtout que tous les 50 a 80km, des auberges, appelées İnn, etaient baties. Elles permettaient aux militaires et commerçants de se reposer a l’abris des brigands et des betes sauvages (lions, lous, etc.). Ces İnn grossirent et de nombreuses activités s’organiserent autour d’eux. Au fil des ans, cela donna des cités fortifiées comme Elbasan puis par extension des villes. Ainsi naquirent de nombreuses villes : Elbasan, Florina, Edessa, Tessaloniki, Kavala, Alexandroupoli... jusqu’a Byzance. Pour rejoindre la frontiere, nous empruntons la nouvelle voie Egnatia : l’autoroute ! C’est super confortable, meme en tandem !

A l’entrée du pont marquant la frontiere Grece-Turquie, les deux soldats grecs sont carrément décontractés du slip, ils se rejoignent au milieu de la route pour picorer des chips et rigoler. Les drapeaux grec et turc flottent cote a cote, image peu courante que nous aimerions bien immortaliser. Devant nous, les soldats trucs n’ont pas l’air détendus et nous prient de ranger notre appareil photo, derriere nous, les soldats grecs nous lancent “yes, photo, yes, photo !” en se marrant. Nous choisissons de rester sage et avançons tranquillement sur le pont. Un immense drapeau perché a 40m de haut flotte parfaitement au vent au dessus de la douane. Pendant 20 minutes, nous bataillons pour garder notre position dans la file du guichet... des cartes grises... Pour rien évidemment !

Apres un plat face a ce vent qui nous tiraille les mollets, un premier carrefour : des vaches, des renault 12 et des super poids-lourds flambants neufs. Quelques chiens tranquilles nous accompagnent vers notre premiere cote turque... et pas la derniere ! Le bas-coté est bien large, pas toujours de bonne qualité mais sécu : personne n’y roule. Premiere pause et premier cadeau, des petits pains au fromage qu’une famille de bergers nous offrent. Nous échangeons des sourires mais pour les mots, l’incompréhension est mutuelle. Encore une nouvelle langue... İl faut remettre les compteurs a zéro. C’est frustrant au début puis tres vite enthousiasment. Dans une station service, les employés nous offrent du thé et nous questionnons une jeune turc parlant anglais (“of course!”... nous dit-il) pour apprendre nos premiers mots. Dur dur, surtout pour la prononciation. Heureusement que l’alphabet est le meme... sauf ce fichu “ı” sans point qui se prononce “eu”... Nous poursuivons jusque dans un champ en bordure de la 4 voies. Nous avons perdu une piece du réchaud Primus en Grece, ce qui nous oblige a cuisiner tous les jours au réchaud a bois. Cela nous prend plus de temps et plus d’énergie... mais renouvelable ! Malgré le vent et la fatigue, ça finit bien par cuire. Nous mangeons et installons la tente. Une dame vient alors nous voir pour nous inviter chez elle...?!?! Dans un mélange de gestes et de mots d’allemand, nous ne comprenons pas tout. Elle repart. Lorsqu’elle revient une demi-heure plus tard avec son mari, elle a l’air déçue car nous sommes déja couchés et tout est rangé. Nous sommes aussi déçus car nous avons peut-etre loupé la premiere occasion de dormir chez l’habitant.
Des le lendemain, apres une quarantaine de kilometres face au vent et 120km en bus de Malkara a Silivri, a la tombée de la nuit, Hasan et son frere nous accueillent. İls nous offrent du çay (thé, prononcer tchaï) et nous dormons dans une dépendance en travaux. Nous commençons a bien apprécier ce çay que l’on boit a toute heure et en toute circonstance. Avec Hasan, nous développons notre vocabulaire jusqu’au célébrissime “çok güzel !” (“tres bien”, qui sert dans toutes les situations) autour d’un petit déjeuner ou oeufs durs cotoient fromage, miel, yahourt, olives et thés. Le thé est toujours servi dans le verre traditionnel et reservi a volonté. Jean devient fan parce qu’ici, le thé, c’est un truc d’homme... Sur les places de village, dans et devant les cafés, ils se retouvent autour d’un çay.

Nous repartons en tandem de Silivri, le long de la mer de Marmara jusqu’a Büyükçekmece (prononcez Buyuk-tchek-médjé... 10 fois tres vite puis demandez votre route a un turc...). Nous sommes vendredi, jour de priere pour les musulmans. Vers 13h, nous sommes installés pour pique-niquer a coté d’une Mosquée et des l’appel du Muezzin, c’est l’affluence. Un jeune nous offrent une petite sorciere bulgare en guise de porte bonheur. Nous mettons cap au Nord en direction de Çatalca (Tcha-tal-dja) : nous évitons ainsi İstanbul. A 40km du centre, c’est déja tres urbanisé. Sur la route, les éoliennes cotoient des carrieres a ciel ouvert défigurant le paysage. Nous campons dans le jardin d’un restaurant et cuisinons presque comme a la maison mais au réchaud a bois... oeufs au plat, pates a la “merguez” grillées. Terrible ! Pour les papilles comme pour la flore instestinale de Claire ! (Note de Claire : Jean omet de dire que j’ai été malade une demi-journée alors qu’il a le bide détraqué depuis 10 jours et j’ai pas fait d’annonce officielle sur le blog... pourtant certains détails vaudraient le coup d’etre racontés !). Au matin, nous mangeons du pain frais devant la boulangerie et on nous offre encore du çay ! Occupés a boire nos çay, le tandem tombe et la béquille en acier de Coursan rend l’ame...
La route jongle entre l’ancienne et la nouvelle chaussée. C’est a dire entre une départementale gravillonnée et une autoroute ASF. Evidemment quelques conflits subsistent aux interfaces, nous nous retrouvons parfois dans la boue, ou a contre-sens, voire meme coincés derriere la barriere de sécurité... Bref, la Grece, c’etait le rodage ! Notre carte n’est pas a jour et souvent les chauffeurs nous font de grands signes pour ne pas continuer dans ce sens. M’enfin, généralement une fois engagés, nous persistons...

“Piknik alani” mais pas a la noix. C’est un coin de plein air privé ou les Turcs aiment se retrouver le weekend. Dans un de ces lieux, pres de Kayakadin, des femmes dansent, d’autres pique-niquent. Moustafa, un jeune employé, nous permet de nous y installer pour la nuit. Avec un copain, ils essaient le tandem. La roue arriere du tandem doit se réhabituer a se genre d’exercice ! Un gros köpek (chien en turc), pardon, un gros sac a puce nous tient compagnie... Heureusement, il est calme mais pas question de l’approcher a moins d’un metre. Longue, interminable, montagneuse descente vers la mer Noire, apres quelques kilometres d’autoroute, nous traversons la foret de Belgarde. La foret est fumante en ce beau et chaud dimanche. Elle ne prend pas feu, il a seulement un milier de barbeuk en cours et il se degage une odeur de grillade qui aurait ete insuportables si nous n’avions pas déja mangé ! Au creux de la foret, avant une bonne cote en petit lacet alpin, a lieu un meeting politique.
Le garde du corps, le chauffeur et l’entourage du “président” (un maire ?) nous arrete. İls nous offrent du çay, des barres de chocolat, deux stylos avec étuits et meme une poupée pour Claire et une voiture de police pour Jean ! Apres d’interminables lacets, nous arrivons a Kilyos assez fatigués et la perspective d’une bonne douche nous motive pour allez au camping. C’est le seul camping ouvert a des dizaines de km a la ronde et nous y avons rdv avec les parents de Claire le lendemain. Nous le trouvons facilement et on nous invite a nous y installer... Erreur ! Nous n’avons pas encore regardé les prix... 20€/nuit (dont 3€ pour le tandem qui passe en motorbyciklet !) pour un champ de patates et des sanitaires solaires mais sans cummulus. Avant 10h le matin, l’eau est froide et de meme apres 18h !!! Ça vaut 7€/nuit, pas un copek de plus. Camping alarnak ! Notre budget journalier etant deja consommé nous boudons ce touristique petit port de peche ainsi que les touristes du camping qui sont presque tous français... et finalement bien sympa et qui nous rendront service des le lendemain.

Les parents Carbo sont contents d’arriver apres 3 jours de voyage. Des le lendemain nous partons pour İstanbul. Marie et Oliver, que nous avons rencontrés au camping a Kilyos, mettent le tandem et la remorque dans leur gros et impressionnant camion vert, ancien véhicule de la police de RDA ! Nous les retrouverons a İstanbul. Nous descendons le Bosphore en voiture par le coté occidental. Nous craignons pour la circulation mais c’est beaucoup plus zen qu’a Paris. Nous passons ainsi sous les deux énormes ponts suspendus, a coté du palais de Dolmabahçe puis traversons la Corne d’Or sur le pont Galata et découvront Sultanamet, le quartier des sultans... impressionant. Contournant les remparts de Topekapi (Topekapeu), nous garons le Partner sur un parking gardé et réservé aux camping-cars (repéré la veille par les francais du camping a Kilyos). C’est le bon plan d’İstanbul quand on peut dormir dans son véhicule : 10TL/24h (soit ~5€) au pied de la Mosquée Bleue avec vue sur la mer de Marmara ! De plus l’aménagement du Partner est signé André et évidement : c’est Çok güzel !!!