mardi 10 mai 2011

Grece - De Florina a Alexandroupoli

Depuis le 26 avril, nous traversons le Nord de la Grèce en direction de la Turquie. Depuis 2 jours, nous faisons une pause a Alexandroupoli pour réparer une petite avarie sur le tandem...

Depuis Florina, nous découvrons une Grèce bien différente de l'image que nous en avions. Ces deux dernières semaines, il a plu presque tous les jours. Ça s'éclaircit parfois mais reste menaçant et le mercure monte peu. 
La journée, nous roulons un peu et nous abritons sous des kiosques ou des abris bus dès que nous en trouvons. Les grecs aiment bien les petits kiosques en bois et nous en trouvons souvent sur les bords des routes. C'est parfait pour pique-niquer au sec. Pour le bivouac, nous avons tenté plusieurs expériences... Nous avons bricolé une extension avec la bâche entre l'abside et le tandem. Pas mal mais un peu étroit. Nous avons aussi testé l'hôtel a Edessa, confortable mais nous n'avons pas réussi a faire sécher nos affaires car une seule heure de chauffage était autorisée. Et enfin, dans le genre spacieux et au sec, nous avons mis la tente sous un kiosque a côté d'une ancienne route. C'était parfait et juste au bon moment.

Mis a part une météo capricieuse, nous sommes très bien accueillis par les grecs, surtout de Florina a Thessalonique. Les gens nous offrent des cafés, des œufs, des fruits, des gâteaux... et s'arrêtent même au bord de la route pour nous parler et nous donner a manger. Génial ! En demandant pour se doucher a l'Hôtel Kavala sur l'ile de Thassos, nous repartons avec une boite entière de Pita, feuilletés a la fêta et aux herbes, ainsi que des brioches maison. Merci beaucoup a Katharina de Kariotissa, a Theodor sur la route, au couple de Florina Kyriakopoylos, a Elena et Stamotis de l'hôtel Kavala et tous les autres...

Pour éviter les grands axes, nous cherchons les petites routes, ce qui pimente un peu nos journées. Nous avons acheté la carte de la Grèce dans la première station service après la frontière. La carte est largement imprécise et complètement fausse par endroit. Elle indique des ponts qui n'existent pas, des routes qui n'existent pas ou sont des chemins a peine carrossables... Toutes les routes secondaires sont jaunes sur la carte, départementales comme chemins pourris. Parole de grecs, tout est jaune... Fichue carte. 
Ça nous vaut quelques gros détours et des passages dans de la boue et des gués ... et ça arrive presque... tous les jours ! De plus, les grecs ont la fâcheuse habitude de garder des morceaux d'ancienne route près de la nouvelle, et quand nous les empruntons, nous finissons parfois coincés devant un gros tas de terre ou une glissière de sécurité. Avec un peu de patience, nous trouvons toujours une issue mais nous dépensons beaucoup d'énergie dans ses détours. Lorsque nous demandons notre chemin, soit les gens ne connaissent pas la route ou ont du mal a lire la carte, soit ils n'osent pas nous dire qu'ils ne savent pas et nous envoient dans la mauvaise direction. Il paraît que ce dernier travers va devenir une constante en avançant vers l'Est... Heureusement, la boussole n'est jamais loin, et nous ne perdons pas le Nord, ou plutôt nous gardons le cap a l'Est. En récompense aux efforts fournis, nos écarts sur les petites routes nous offrent des paysages magnifiques et pas un chat dans les environs.

Pas un chat... mais parfois des chiens !
Nous avons fait notre première rencontre avec des chiens grecs juste après Florina. Nous nous y étions préparé et avons pu mettre en pratique notre technique. La première fois, en accélérant , nous avons réussi a les semer et quelques coups de cravaches ont suffi a les impressionner. Ce qu'il faut savoir c'est que les chiens errants sont nombreux en Grèce et se promènent en bande, entre potes. Et a plusieurs, c'est souvent l'émulation, un aboie, puis un deuxième et bientôt toute la meute sort les crocs. Après la première rencontre, je garde la cravache a la main et reste au aguets. Un peu plus loin, dans un champ en contre-bas du chemin, un chien se lève et commence a courir vers nous. Nous accélérons mais le chemin est pleins de cailloux. Nous voyons peu a peu le nombre de chiens augmenter. Ils courent cote a cote et nous font l'effet des indiens qui dévalent la colline. Nous pédalons aussi vite que nous pouvons mais bientôt les chiens rejoignent le chemin et courent derrière nous. He single l'air de ma cravache. Quelques coups a gauche, quelques coups a droite. Le premier chien, et le plus hargneux, se décale du bon cote pour éviter les coups. Je crie a Jean : « Avance, avance ! ». Le chemin est de pire en pire mais nous fonçons, les forces décuplées par la peur de nous faire mordre les mollets. Les distançant enfin, nous nous arrêtons pour reprendre notre souffle et nos esprits. Il nous semble que les roues les excitent. A la troisième rencontre, avant même qu'ils se mettent a aboyer, nous stoppons le tandem. La meute se lève, nous observe, aboie un peu, nous contourne et s'en va. Quoi ?! C'est tout ?! Même pas un petit coup de cravache ? Un peu étonnés nous repartons. Depuis, nous avons eu l'occasion de tester plusieurs fois la technique et cela marche bien.

A Thessalonique, nous goutons nos premières Pita giros et nos premiers cafés frappes. Depuis, nous avons eu l'occasion de manger de nombreuses salades grecques, des soflaquis (brochettes) et du poisson grillé. Nous faisons le plein de produits frais.

Pépin mécanique – Première
En descendant vers le lac de Volvi, entre Thessalonique et la mer, la roue libre a commencé a mal fonctionner. A 50km/h en descente, un bruit nous alerte. Puis plus loin, il est devenu de plus en plus difficile de trouver un cran pour que les pédales entrainent la roue. A asprovalta, nous demandons de l'aide a un mecano. Il nous prête des outils et nous demontons ensemble la cassette. Le principe de la roue libre lui échappe et pour lui rien n'est kaput. Il répète sans cesse « No kaput, no kaput ». Sentant pourtant la grosse panne arriver, a Kavala, nous cherchons un magasin de vélos pour réparer. Comme le délai est de 5 a 7 jours pour avoir la pièce, nous préférons trouver une autre solution. La tête de Jean fume. Il réfléchit a souder la roue libre au moyeu. Après réflexion, c'est peut-être pas l'idéal ! Nous finissons par trouver un gars très sympa dans un cyber café qui appelle pour nous un magasin de vélo a Alexandroupoli. Nous parvenons a commander la piece et achetons tous les outils qu'il nous manque. Nous partons ensuite faire un tour sur l'ile de Thassos, ou la pluie ne nous lâche pas d'une semelle et nous cherchons la liaison en bateau pour Alexandroupoli, ce qui ménagera le tandem. Carte de m... la liaison n'existe pas. Nous devons faire la route en tandem. Ce sera fatal pour la roue libre de Mam'out. Nous roulons sur une route jaune au beau milieu d'un magnifique mélange de granite et d'oliviers surplombant la mer. 
La route jaune est en fait un chemin défoncé caillouteux ou seules deux voitures par jour passent. Soudain, nous moulinons, nous moulinons puis plus rien. C'est fini, nous n'avons plus qu'a pousser. Avant la casse, nous avons vu un petit théâtre antique et maintenant la route est splendide et ca nous console un peu. 
En montée nous poussons, en descente nous roulons debout sur les freins et sur le plat nous inventant la trottinette -tandem. Et ceci pendant environ 2h, sur peut-être 10km. Nous arrivons enfin sur une plage et apercevons du bitume et un cycliste. Enfin la civilisation. Ce cycliste est notre sauveur. Gerard est autrichien et voyage en van aménagé. Nous casons le tandem au millimètre, entre la banquette et la kitchenette. Nous allons ensemble par l'autoroute a Alexandroupoli. 
Notre nouveau moyeu nous attend chez Papadopoulos. Nous lui achetons aussi une chaine et une cassette. Au camping, Jean s'installe pour réparer. Il faut de-rayonner, repérer chaque rayon, re-rayonner sur le nouveau moyeu, remonter la jante, régler la tension des rayons pour dévoiler, remonter la cassette et la chaine. Le tout prend bien 5h. Maintenant nous pouvons repartir mais restons attentifs a chaque grincement. Pourvu que ça dure des milliers de kilomètres !


Pour remercier Gerard de sa précieuse aide, nous l'invitons au restaurant. Il a beaucoup voyagé et travaillé a l'étranger, notamment en Turquie et en Afghanistan. Il nous rappelle quelques règles essentielles pour rester en bonne sante en voyage comme dans le désert. Il faut penser avec le ventre et faire confiance a son instinct. A partir de maintenant nous dit-il, personne ne nous répondra plus « je ne sais pas ». Alexandroupoli, est une ville-étape avant la Turquie et de retour au camping ou nous nous sommes installés, nous rencontrons des cyclos. 
Rian, 68 ans, hollandais, est parti seul pour plusieurs mois et rejoint la Palestine. Karin et Stefan, un couple suisse, arrivent de Zurich et rejoignent Istanbul en vélo (www.kus.li). Nous rencontrons aussi deux italiens, Diego et Marco, qui arrivent de Turin en vespa et voyagent en direction de Sydney (www.starwaytosydney.com). Nous croisons aussi deux motards allemands et une famille de bretons en van, Nolwenn, Jacques et leurs enfants Clara, Théo et Anouk. Nous échangeons victuailles, anecdotes et conseils, chacun s'intéresse au matériel de l'autre. Au final, moteur ou pas, l'esprit du voyage est la. Bon vent a tous et peut-être a bientôt sur la route...

  
Nous partons pour Istanbul ou les parents Carbo nous rejoignent la semaine prochaine.
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